Une récente étude menée par des chercheurs Français et Burkinabé de l’Institut de Recherche pour le développement (IRD) révèle qu’une alimentation en sucre naturel réduit la durée de vie, la quantité de repas de sang et la fécondité des moustiques femelles du genre Anophèles (vecteur du paludisme), ce qui peut réduire de 30% environ leur capacité de transmission de la maladie.
Procédé
Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont nourri en laboratoire des moustiques avec des sucres naturels issus des nectars de plantes ornementales (Barleria lupilina et Thevetia neriifolia) ainsi que des plantes de fruits comme la mangue et le raisin sauvage achetées au Burkina. Un groupe de moustique a, quant à lui, reçu une solution glucosée à 5%. Vingt-quatre heures après, les moustiques ont eu un repas de sang infecté par le Plasmodium falciparum (parasite causant le paludisme). Le régime alimentaire au sucre a été, ensuite, poursuivi pendant 14 jours qui constituent, selon les chercheurs, la durée minimale qu’il faut entre la prise d’un repas de sang infectieux par un moustique et la période épidémiologiquement dangereuse.
« Des observations microscopiques combinées à une modélisation épidémiologique (…) ont révélé que les vecteurs nourris à base de nectar de Thevetia neriifolia ont montré une baisse de 30 % de leur capacité de transmission du paludisme, alors que ceux gorgés de nectar de B. lupilina voyait leur potentiel de transmission augmenter respectivement de 30 et 40 % » explique Thierry chercheur à l’IRD ayant participé à l’étude.
Se basant sur ces résultats, le chercheur souligne qu’ « une bonne politique de plantation des sources naturelles de nectar dans les régions de transmission élevée pourrait contribuer fortement à la baisse de l’incidence du paludisme ».
Nouvelles stratégies de lutte contre le paludisme
Les mécanismes d’actions des sources naturelles de sucres sur les moustiques vecteurs du paludisme restent jusque là méconnus selon les auteurs de l’étude qui entendent, néanmoins, continuer les recherches sur une plus large gamme de plantes « afin d’identifier les espèces qui pourraient potentiellement bloquer la transmission du parasite ».
Mais déjà, cette étude laisse entrevoir, selon eux, de nouvelles stratégies de lutte contre le paludisme comme par exemple la plantation, dans les ménages, des espèces végétales qui affectent négativement la capacité vectorielle des moustiques.
Selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le paludisme reste la maladie parasitaire la plus répandue du monde avec un taux de prévalence estimé à 16% chez les enfants de 2 à 10 ans. Au Togo, la maladie occupe 53% des consultations externes et 50% des hospitalisations dans les centres de santé selon les résultats de l’Enquête Démographique et de Santé au Togo (EDST-III) 2013-2014.
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