Les prévisions saisonnières pour lutter contre la Fièvre Jaune

Les variations de température et de précipitation ont une influence considérable sur la propagation de l’épidémie de la Fièvre Jaune en Afrique. C’est la conclusion d’une étude effectuée  par une équipe de chercheurs de l’Impérial College of London  et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Selon les auteurs  de cette étude publiée le 15 mars 2018 dans la revue PLOS Neglected Tropical Diseases, le métabolisme de l’Aedes aegypti qui est le principal vecteur de la Fièvre Jaune est intrinsèquement lié à la température ambiante.

Tini Garske, l’une des auteurs de l’étude, renseigne que les élévations de température entrainent une augmentation de la vitesse de pupaison des moustiques et de la fréquence des repas sanguins ainsi qu’une diminution de la période d’incubation du virus de la Fièvre Jaune.   Cependant, le niveau du risque de propagation de l’épidémie dépend surtout de l’interaction entre les précipitations et la température.

Car, précise la chercheure Britannique, une température optimale  combinée à des précipitations insuffisantes sont défavorables à la réplication  virale chez le moustique, ce qui  limite le potentiel de transmission.

Indice de saisonnalité

Sur la base de ses résultats,  les chercheurs ont pu mettre en place un modèle informatique prenant en compte les indices de saisonnalités (températures et précipitations),  dans le but de prédire avec précision les zones et périodes de risque accru de propagation du virus de la Fièvre Jaune.

« Ces prédictions permettront une application plus précise des campagnes de vaccination et des programmes de lutte anti-vectorielle ;  ce qui contribuerait à réduire les risques d’épidémies à grande échelle » indique Tini Garske.

La chercheure et son équipe, estiment que la prise en compte des variables statiques telles que la température et les précipitations annuelles pourrait être d’importants gains pour la santé publique en Afrique. Puisque, soulignent-ils, la modélisation basée sur l’indice de saisonnalité pourrait également intervenir dans la surveillance épidémiologique contre la Dengue, le virus Zika ou le Paludisme.

Pour le Dr Kossi Badzikilou, responsable du laboratoire de référence de la Fièvre Jaune à l’Institut National d’Hygiène au Togo, des réserves sont, toutefois,  à émettre en ce qui concerne la prise en compte des indices de saisonnalité dans la prédiction des zones à risque. Pour lui, la saisonnalité peut favoriser la prolifération  des vecteurs ou pas.

« Dans le cas d’une transmission verticale du virus de la Fièvre Jaune par exemple, les œufs infectés peuvent, du fait de leur caractère rustique, prolonger leur durée de vie jusqu’à ce que les conditions d’éclosion ne deviennent favorables », explique Dr Badzikilou.

Aussi rappelle-t-il que le risque de piqûre n’est pas encore un danger « si on mise en amont sur l’immunisation complète des populations ».

Au Togo où le dernier cas de Fièvre Jaune remonte à 2006, le programme de vaccination contre l’épidémie est inscrit dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV) des nouveaux nés.  Aujourd’hui, le risque d’épidémie de la Fièvre Jaune est quasi-nul selon les autorités togolaise qui estiment à 99% le taux de la population immunisée à l’issue de  la campagne de vaccination de 2007.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 47 pays africains sont toujours sous menace d’une épidémie de la Fièvre Jaune qui cause entre 20.000 et 180.000 décès chaque année sur le continent.

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