Une étude publiée en octobre 2018 dans la revue britannique The Lancet HIV Medical Journal a prouvé l’efficacité d’une pilule préventive contre le VIH SIDA.
La pilule de couleur bleue dénommée « Truvada » a été mis au point par le laboratoire américain Gilead Sciences et testée pendant deux ans à New South Wales, une ville d’Australie. Les résultats du test ont prouvé que pris quotidiennement, la pilule a permis de réduire de près d’un tiers les nouveaux cas de contamination au VIH au sein de la population de New South Wales.
Pour Andrew Grulich, directeur de l’étude et spécialiste en épidémiologie à l’Institut Kirby à Sydney, ces résultats sont encourageants dans la mise en œuvre de d’une approche préventive ciblée contre le VIH SIDA.
« Le traitement pré-exposition prophylaxis (encore appelé PrEP) réduit de 90% le risque de contracter le HIV lors des rapports sexuels, et réduisent donc les nouvelles infections s’il est pris quotidiennement», a précisé Andrew Grulich dans une interview accordée en octobre dernier au journal américain The Washington Post.
Et de poursuivre qu’ajouté à l’utilisation du préservatif, ce traitement pourrait permettre de réduire significativement la pandémie.
Incidence
Pour l’heure la pilule n’a été testée que sur une communauté homosexuelle et bisexuelle. De nouvelles études devront être faites pour évaluer l’efficacité de la pilule chez les hétérosexuels qui sont plus touchés par le VIH en Afrique, poursuit Andrew Grulich.
Le chercheur indique, néanmoins, que le traitement PrEP devrait être adopté par les pays africains vu l’accroissement de la prévalence au VIH dans les communautés homosexuelles sur le continent ces dernières années.
En 2016, des chercheurs Français de l’Agence de recherches sur le SIDA et les hépatites virales, avaient conclu -sur la base d’une étude effectuée sur les homosexuels au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Sénégal– que l’Afrique de l’Ouest était éligible au traitement à la PrEP.
Au Sénégal par exemple, la prévalence du VIH est estimée à 21,5% chez les homosexuels contre environ 20% au Togo où une enquête du Centre national de lutte contre le SIDA (CNLS) révèle qu’un homosexuel sur cinq vit avec le VIH.
Barrières
Toutefois, le coût du traitement à la PrEP peut être un obstacle à son adoption par les populations africaines. Selon de Bloomberg, le coût annuel de l’utilisation de la pilule « Truvada », par exemple, peut revenir à près de 700 millions de dollars (environ 405,65 milliards de F CFA) aux Etats africains en dehors d’une subvention.
A côté du coût élevé, la Directrice du programme de recherche à l’Institut de Recherche Médicale du Kenya (KEMRI) pointe également la barrière culturelle comme obstacle à l’utilisation du PrEP dans les communautés africaines.
« La perception de la communauté est le principal défi pour l’utilisation du PreEP dans la plupart des pays africains malgré que son efficacité dans la prévention du VIH ait été prouvée par les scientifiques », a déclaré à ScienceActu Dr Nelly R. Mugo en marge de la 3e conférence africaine des journalistes scientifiques tenue en décembre 2018 au Kénya.
Aussi préconise-t-elle, en plus de l’appui financier au pays africains, une sensibilisation sur l’usage des PrEP en vue de barrer la voie au VIH d’ici 2030 selon l’objectif fixé par l’Organisation des Nations Unies (ONU).
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