Une équipe de chercheurs du Centre for Agriculture and Biosciences International (CABI) vient d’identifier un parasitoïde [1] pouvant intervenir dans la lutte biologique contre les chenilles légionnaires d’automne en Afrique.
Dénommé « Telenomus remus », ce parasitoïde a déjà détecté dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Niger.
Dr Marc Kenis, un chercheur du CABI qui a conduit l’étude a indiqué que ces agents biologiques peuvent être « des armes stratégiques » dans le cadre de la lutte contre les chenilles légionnaires.
Dans un article publié en mars dernier dans la revue scientifique Insects,les chercheurs indiquent que le Telenomus remus avait déjà été utilisé dans des champs de maïs en Amérique latine pour lutter contre les légionnaires d’automne. Son usage a contribué à réduire de 80 à 100 % les invasions de ces ravageurs.
« Des prospections devraient maintenant être menées dans toute l’Afrique pour évaluer la répartition actuelle et l’impact de Telenomus remus sur le continent », ont indiqué les chercheurs.
Lutte intégrée
Tout en reconnaissant que ce parasitoïde, seul, ne suffira pas à éradiquer totalement les légionnaires d’automnes, les chercheurs estiment qu’il contribuera à réduire la population des légionnaires d’automne « en dessous d’un seuil de tolérance ».
« Son usage permettra de réduire la quantité d’insecticides synthétiques utilisés contre ses ravageurs », souligne Dr Marc Kenis cité par le CABI.
« L’usage fréquente d’insecticides n’est pas seulement insoutenable à long terme, mais augmente aussi les coûts de production pour les agriculteurs. Il a également des impacts sur l’environnement, et pose des risques pour la santé des producteurs et des consommateurs », a indiqué Dr Marc Kenis
Et de poursuivre en préconisant une lutte biologique axée sur l’importation de larves de parasitoïdes en provenance du continent américain.
Pertes énormes
Détectée pour la première fois en Afrique subsaharienne en 2016, la légionnaire d’automne s’est rapidement propagée sur le continent au point de constituer une menace pour la sécurité alimentaire de plus de 200 millions de personnes en Afrique.
En septembre 2017, une autre étude réalisée par des chercheurs du CABI a estimé à 6,1 milliards de dollars par an (plus de 3528 milliards de F CFA), les pertes économiques dues à l’effet de ces ravageurs rien que dans 12 pays africains.
Les légionnaires d’automne ont le potentiel de causer des pertes de rendement de maïs allant de 8,3 à 20,6 millions de tonnes par an, en l’absence de toute méthode de contrôle dans les pays concernés.
Ces pertes représentent entre 21 et 53% de la production moyenne de maïs sur une période de trois ans dans ces pays.
Hector NAMMANGUE
Un parasitoïde [1] est un organisme qui se développe sur ou à l’intérieur d’un autre organisme dit « hôte », et qui tue ce dernier au cours, ou à la fin, de son développement
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