Une étude publiée en 2020 révèle une forte contamination en aflatoxine du maïs produit et consommé au Togo. L’étude réalisée dans la région Maritime et des Plateaux révèle des taux de contamination jusqu’à 160 fois plus élevés que les normes préétablies.
En effet, le codex alimentarius (un ensemble de normes alimentaires adoptées par la FAO et l’OMS), fixe le seuil « tolérable » de contamination en aflatoxines à 10 microgramme (μg) par kilogramme de maïs. Ce seuil diffère pour certaines régions du monde qui disposent de leur propre norme comme l’Union Européenne (4 microgramme par kilogramme maïs) ou encore les Etats-Unis (20 microgrammes par kilogramme de maïs).
Mais dans le cas du Togo, certains échantillons de maïs prélevés présentaient des niveaux de contamination évalués à 1600 microgramme par kilogramme dans la région des Plateaux et 450 microgramme par kilogramme dans la région Maritime.
Pour Erika BAGLO, auteure de l’étude, cette forte teneur en aflatoxines pourrait être expliquée par le climat humide et chaud, la contamination des sols avant la culture ou encore les mauvaises conditions de stockage qui favorisent le développement des moisissures.
Des pistes confirmées par une étude de la Banque mondiale qui préconise comme mesures préventives la mise en place d’infrastructures de stockages modernes « offrant aridité, bonne ventilation et une certaine distance entre le maïs et le sol ».
Cancer du foie
Au Togo où la consommation moyenne du maïs par habitant est estimée à 80kg/an, Erika BAGLO craint que le niveau élevé de contamination en aflatoxines soit un danger pour la santé des populations.
En effet, les aflatoxines peuvent provoquer une hépatite ou un cancer du foie et contribuer à la suppression du système immunitaire chez les humains et les animaux. Le risque sanitaire est plus élevé chez les enfants en bas âge puisque les aflatoxines peuvent entraîner une sensibilité accrue aux maladies infectieuses.
« Des études plus récentes ont confirmé qu’elles peuvent également provoquer le cancer des voies respiratoires, le kwashiorkor ou encore un retard de croissance », indique Erika BAGLO.
Menaces pour la sécurité alimentaire
En raison de la fréquence de consommation et de la dépendance des populations togolaises à cette céréales, ajoute-t-elle, il est impératif de mettre en place des institutions de contrôle du maïs et ses dérivés afin de préserver la santé des consommateurs.
Outre la santé, la contamination aux aflatoxines pourrait constituer également une menace pour la sécurité alimentaire au Togo où le maïs représente 50% de l’ensemble des céréales produites. Car, la contamination aux aflatoxines a été identifiée comme une des origines des pertes agricoles dues aux ravageurs.
En 2021, la Direction des statistiques agricoles, de l’informatique et de la documentation du Togo (DSID) a estimé à plus de 1,5 million le nombre de producteur de maïs au Togo. La filière représente plus de la moitié du PIB agricole du pays.
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