Hausse annoncée des réserves d’eaux souterraines en Afrique de l’Ouest

Les réserves d’eaux souterraines de l’Afrique de l’Ouest devraient doubler dans les prochaines décennies selon les résultats d’une étude à paraître en juin 2022 dans la revue Journal of Hydrology.

D’après les auteurs de l’étude, cette augmentation prévue des réserves d’eaux souterraines s’explique par les prévisions climatiques futures.

Ces prévisons annoncent de fortes précipitations en Afrique de l’Ouest pendant les périodes de mousson (juin- août) et une baisse majeure de l’évapotranspiration (transfert d’une quantité d’eau vers l’atmosphère par l’évaporation au niveau du sol et la transpiration des végétaux).

Selon les auteurs, la baisse de l’évapotranspiration, principal moteur de l’augmentation des réserves d’eaux souterraines en Afrique de l’Ouest, s’explique par l’augmentation de la teneur des végétaux en dioxyde de carbone (CO2) sous l’effet du réchauffement climatique.

 « L’augmentation prévue des réserves des eaux souterraines est importante car le développement des ressources en eaux souterraines est considéré comme un moyen clé de répondre à la demande aux problématiques d’accès à l’eau en Afrique de l’Ouest », notent les auteurs.

Défis réels

Quelques jours avant le 9e Forum mondial de l’eau tenu en mars au Sénégal, un rapport de l’université des Nations Unies révélait que plus de 500 millions d’Africains n’ont toujours pas un accès sécurisé à l’eau.

Sur 54 pays africains, seuls 13 ont des niveaux satisfaisant de sécurité dans l’approvisionnement en eau selon ce rapport. En Afrique de l’Ouest, on estime que 40 à 60% des populations n’ont pas accès à l’eau potable. Paradoxalement, des études ont démontré que la région regorge d’immenses réserves d’eaux souterraines.

Professeur Serigne Faye, chercheur à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar estime que la disponibilité des réserves d’eaux souterraines pourrait permettre de résoudre les difficultés d’accès à l’eau potable en Afrique subsaharienne.

Au Sénégal par exemple, note-t-il, les eaux souterraines constituent 100% des sources d’approvisionnement en eau dans les milieux ruraux sous formes de forages ou puits traditionnels, et 60% dans les milieux urbains.

Manque à gagner énorme pour l’agriculture

 « Le vrai problème c’est le déficit de planification et la sous-exploitation des ouvrages d’eau disponibles. Dans nos milieux, chaque village veut avoir le contrôle sur son propre forage ; alors qu’il est possible d’optimiser les investissements en mettant un seul ouvrage et en faire profiter plusieurs villages à travers des adductions d’eau », regrette-t-il.

La sous-exploitation des réserves d’eaux souterraines constituent également un manque a gagner pour l’agriculture en Afrique.

En effet, seules 5% des terres contenant des nappes d’eau souterraines peu profondes et favorables à l’irrigation sont exploitées en Afrique subsaharienne selon le rapport de l’université des Nations Unies.

« L’exploitation des nappes souterraines pourrait servir de catalyseur à la croissance économique en permettant d’augmenter la superficie des zones irriguées et, de ce fait, d’améliorer les rendements agricoles » recommande le rapport.

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