Selon les données du ministère de la sécurité et de la protection civile, 46 cas de suicide ont été enregistrés au Togo entre juin et décembre 2021 dont la majorité dans la région Maritime (20) et la région des Savanes (14).
En 2019, un rapport de l’OMS classait le Togo au 8e rang des pays africains où la population se suicide le plus.
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Même si peu de recherches ont été réalisées pour comprendre l’ampleur du phénomène, de nombreux psychologues soutiennent qu’il y a un lien entre ces cas élevés de suicide et le manque de politique de sensibilisation sur la santé mentale au Togo.
Origine « spirituelle »
En effet, la méconnaissance des problématiques de la santé mentale est un obstacle majeur à la prise en charge des personnes comme le montre une étude publiée en 2020 dans la revue Lɔŋgbowu à l’Université de Kara.
Les conclusions de cette étude révèlent qu’au Togo, les populations et même certains personnels médicaux réduisent généralement la santé mentale aux maladies mentales, voire aux troubles psychiatriques.
L’étude révèle également que la majorité des Togolais considèrent que la sorcellerie, l’envoûtement ou encore les malédictions seraient à l’origine des problèmes de santé mentale.
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Conséquences : les personnes ayant des difficultés psychiques ont le plus souvent recours à la médecine traditionnelle ou encore aux traitements spirituels (églises, couvents…).
Dépression
D’après cette étude, les dépressions constituent une des pathologies les plus rapportées en pratique clinique par le personnel soignant au Togo.
Or, une dépression non traitée peut se compliquer et amener la victime à se suicider, explique Kossi Blewussi Kounou Chercheur en Psychologie Clinique et Psychopathologie, et co-auteur de l’étude précitée.
« Dans ma pratique clinique quotidienne, les patients me rapportent souvent l’absence de personnes à qui ils pourraient se confier. Cette absence de personne ressource fait que les patients se retrouvent seuls et pensent que se donner la mort serait la solution », ajoute Dr Kounou.
Pour le chercheur, les difficultés socioéconomiques, psychoaffectives et les différents évènements de vie, l’absence de perspectives, sont autant de facteurs pouvant expliquer les cas élevés de suicides au Togo.
Sensibiliser
Comme piste de solution, Kossi Blewussi Kounou recommande la mise en place de programmes d’actions de prévention visant à sensibiliser les populations sur la santé mentale ainsi que la promotion des services de prise en charge biopsychosociale.
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« C’est pour cela que nous avons créé en 2017, l’Association pour la Promotion de la Santé Mentale (APSM). Dans le cadre de cette association, nous intervenons dans un centre psychosocial à Lomé pour accompagner les jeunes filles qui ont vécu des traumatismes dans leur enfance », rappelle Dr Kounou.
En dehors de la sensibilisation, le chercheur recommande la formation des professionnels de santé mentale au Togo. A ce jour, souligne-t-il, le Togo ne compte que 5 psychiatres et une centaine de psychologues cliniciens.
Et de conclure : « Augmenter le personnel qualifié, […] former des spécialistes en thérapies corporelles, en santé mentale communautaire, en art-thérapie, et mettre en place des programmes de santé mentale spécifiques pour les adolescents, les personnes adultes, etc. peuvent aider à améliorer la prise en charge de la santé mentale au Togo ».
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